La carte Cusum est encore plus performante que la carte EWMA mais sa mise en œuvre et son interprétation sont plus complexes. Son utilisation est donc à réserver à des cas bien particuliers où la précision est essentielle.
Introduction
La carte Cusum (Cumulative Sum traduit par carte des Sommes Cumulées) a été développée en 1954 par E. S. Page1. Elle va « cumuler » l’écart type de chaque prélèvement. Elle est utilisée dans diverses industries, spécialement en industrie chimique, et a été améliorée au fur et à mesure du temps pour augmenter sa sensibilité2. Elle est, au même titre que la carte EWMA, particulièrement adaptée pour la recherche de dérives faibles et lentes, donc principalement pour des processus continus.
La carte Cusum est encore plus performante que la carte EWMA mais sa mise en œuvre et son interprétation sont plus complexes. Son utilisation est donc à réserver à des cas bien particuliers où la précision est essentielle.
Le principe de la carte Cusum est, au même titre que la EWMA, de tenir compte des dérives antérieures, mêmes minimes. Cela consiste à suivre une somme d’écarts cumulés entre la moyenne présente et une valeur d’origine. On va donc suivre simultanément 2 courbes :
- La courbe SHi : elle va servir à détecter un décalage du côté positif.
- La courbe SLi : elle va servir à détecter un décalage du côté négatif.
Carte CUSUM aux mesures et aux attributs La carte CUSUM s'adapte aussi bien pour des mesures quantitatives que pour des proportions de non conformes. L'ensemble des formules ci-dessous présentées sont écrites pour les mesures (on parle alors de moyenne...). Pour une carte aux attributs, il suffira simplement de remplacer le terme de moyenne par la proportion, les formules restant les mêmes. |
1 – Choisir les paramètres de sensibilité de la carte
La première étape de cette méthode si particulière consiste à identifier les paramètres k et h qui sont liés à la sensibilité de la carte :
- k : Le paramètre de sensibilité k est une pénalité imposée de façon à restreindre le nombre de fausses alertes. Cette constante est fonction de l’importance de l’écart que l’on souhaite détecter. Plus k est petit, plus on décèle de faibles dérives mais plus on augmente le risque de fausses alertes.
- h : le paramètre h représente les limites de contrôles.
Le tableau ci-dessous (norme NF-X06-031-4), nous donne en fonction du niveau de précision que nous souhaitons, la valeur de nos paramètres.
Utilisation du tableau
On souhaite avoir au maximum une fausse alarme tous les 500 échantillons. On souhaite également détecter un déréglage de ± 1 en 3 ou 4 échantillons maximums. Pour cela :
- On choisit dans le tableau la colonne ayant une POM0 (Périodes Opérationnelles Maîtrisées) de 500.
- Dans cette colonne, on cherche une valeur POM1 (Périodes Opérationnelles non Maîtrisées) qui se rapproche le plus de 3 ou 4. On trouve une cellule avec 3,4.
- On identifie alors nos valeurs k = 1 et h = 2,665.
2 - Déduire les points
On va ensuite calculer les différents points des 2 courbes que nous allons suivre. De part son principe, la valeur centrale de carte est toujours de 0. Les formules respectives des deux courbes sont les suivantes :
SHi = Maximum de 0 à SHi-1 + (xibarre - k+)
SLi = Minimum de 0 à SLi-1 + (xibarre - k-)
Avec :
- xibarre : moyenne des données de nos échantillons.
- K+ = Valeur cible recherchée + k * σ / √n
- K- = Valeur cible recherchée - k * σ / √n
- n : le nombre de données par échantillon.
- σ : Ecart type de l’ensemble de nos données.
3 – Calculer les limites de contrôles
Les limites de contrôles sont dépendantes du niveau de précision h que nous avons déterminé ci-dessus. La formule est la suivante :
UCL = h + σ / √n
LCL = h - σ / √n
4 - Interprétation
L’interprétation est la même que pour la carte EWMA. Ainsi, si un point sort de la limite haute ou basse, il faut agir pour recentrer le processus.
De la même manière, il faudra en cas de recentrage reprendre à 0 la carte de contrôle.
Enfin, si la carte CUSUM est très performante pour détecter des dérives lentes, elle l’est en revanche moins que la carte de SHEWHART pour détecter des dérives rapides. L’idéal consiste donc à utiliser l’ensemble des trois cartes : CUSUM, moyenne Xbarre (ou valeurs individuelles I) et étendues R.
Source
1 - E.S. Page (1954) – Continuous inspection schemes
2 – J. M. Lucas, R. B. Crosier (1982) – Fast initial response for Cusum quality control schemes
D. M. Hawkins, D. H. Olwell (1998) – Cumulative sum charts and charting for quality improvement
A. Rose (2005) – Appliquer la maîtrise statistique des procédés à la fabrication de comprimes en pellicules.
A. Grous (2013) – Contrôle de qualité appliquée
D. Duret (2008) – Qualité de la mesure en production
Norme NF X 06-031-4
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